Il
ne reste rien.
Le
barrage est au plus haut, l'eau affleure les herbes des rives.
L'étendue
d'eau est calme. En apparence seulement. En observant la surface on aperçoit
comme des frissons, des mouvements furtifs. Les courants invisibles, les
tourbillons… La Dordogne n'a pas été domptée totalement. Elle ne peut plus
montrer sa vigueur, exploser dans des colères destructrices mais elle est
toujours aussi forte et vigoureuse.
De
la rivière fougueuse il ne reste que cette étendue noire silencieuse.
De
l'abbaye, il ne reste rien.
Des
champs, des cultures, des vergers, il ne reste rien.
Qui
pourrait croire qu'ici existait un petit paradis abrité au fond de la vallée.
Il
n'y a que la forêt et le silence.
Lorsque
les eaux baisseront, au grès du fonctionnement du barrage, quelques pierres
apparaîtront. Les murs se dessineront. La lumière caressera un instant les
marches d'un escalier, la voute d'un cellier, un morceau de tuile cassée …
Entendez-vous
le vent dans les ramures des hêtres ? Le souffle dans les herbes hautes ? Non,
ce n'est pas le vent. Ce murmure c'est le chant des moines, les Ave Maria et
les Gloria.
Il
y a six cents ans la vallée a accueilli les hommes de foi. Ici l'homme a
construit, ici d'autres hommes ont détruit.
Et
il ne reste plus rien.
Au
fond de la vallée coulait une rivière.
L’Abbaye de Valette
Le Patrimoine Sacré
englouti
La communauté de Valette avait en 1399 un sceau rond
représentant la vierge assise avec l'enfant Jésus et portait la légende :
S (IGILLVM) CO(N) VENTVS B(EAT)E MARIE DE BALLETA
fondateur des abbayes
d'Obazine et de Coyroux, pour découvrir le nom de Valette dans différents
manuscrits.
Les informations transmises par la « Vita » (1)
d’Etienne d’Obazine et
par les épaves des
cartulaires de Valette (2) permettent de penser que l’abbaye est issue de l’une
des « celles » (3) crées à l’initiative d’Etienne.
(1) Vita : livre dans lequel sont relatés la vie
et les miracles d’un saint. On parle également d’un récit hagiographique.
(2) cartulaire : recueil de copies de documents
relatifs aux biens, droits, histoire ou administration, pour en assurer la
conservation et en faciliter la consultation.
(3) Celle : petit monastère, succursale d’une
abbaye
Etienne,
de retour de la Grande Chartreuse de Grenoble pour étudier la discipline de
Saint-Bruno, trouva à Obazine plusieurs nouveaux disciples.
Ces chevaliers, venus comme curieux, étaient
restés comme croyants. Bégon de Scorailles, après une vie entière de dissipation,
de débauche et de combats dans les guerres de l'époque, était venu avec sa
femme et ses enfants chercher la pénitence à Obazine. Il montra tant de piété
que Saint-Etienne voulut l'envoyer dans un nouveau monastère dans son pays
natal pour y donner l'exemple des bonnes mœurs L'ancien chevalier devenu moine
alla se plonger dans un ravin des bords
de l'Auze sur le territoire de la paroisse de Tourniac dans le Cantal, diocèse
de Clermont. Bégon était le fils de Raoul, seigneur de Scorailles, canton de
Pleaux
C’est
au Pestre (Pistre, ou lous Pestres : les prêtres) ancien Doumis-Soutre
(Doumis-bas), petit village situé sur les bords de la rivière de l’Auze que fut
d’abord fondée l’abbaye de Valette. Elle fut érigée en abbaye en 1143.
Quelques temps plus tard, à l’instigation de
l’Evêque de Limoges, Gérald de Cher, on procéda à un transfert. On renonça au
site primitif de Doumis – Le Pestre, jugé trop inhospitalier.
Le
Pestre est en effet situé dans une profonde vallée, boisée, étroite, au bord du
ruisseau de l’Auze. L’eau, le bois, la pierre ne manquaient pas mais l'espace
était trop petit pour y construire un
monastère, même de petite taille.
L’aménagement d’une source, les restes d’un
mur et le réemploi de quelques pierres dans une grange d’origine récente
demeurent sans doute les quelques preuves de la première implantation de
l’abbaye.
On
réinstalla définitivement le monastère sur le site de Valette (Vallis Loeta, la petite vallée) de la
paroisse d'Auriac, à deux lieux anciennes du Pestre, au bord de la Dordogne,
placé, lui, dans le diocèse de Limoges. Valette se trouve à faible distance du
lieu d’origine d’Etienne (Le Vielzot, proche de Bassignac-le -Haut), à l’aval
de Spontour là où, dans un coude du fleuve, s’était créée une belle plaine
alluviale.
Le lieu était désert, couvert depuis des siècles par
d'épaisses forêts de hêtres.
La
terre ou l'église fut bâtie avait été donnée autrefois à l'abbaye de Tulle par
Gui de Brassac (1116) en faveur du moine Guillaume de Plas qui avait remis à
celui-ci deux écus d'argent pour son voyage en Palestine.
Ce
monastère cistercien était dédié, comme tous ses frères de Cîteaux, à la sainte
Vierge.
Dom
Boyer qui s'y rendit en 1712 de Mauriac
en trouva le chemin : " des
plus rudes" …" pour moi, qui y suis descendu du chef-lieu de la
paroisse par un beau jour de mai, je
n'ai gardé que le souvenir de pentes pittoresques, coupées de ravins moussus,
de filets d'eau, de cascatelles, vous déposant, au bout de leurs lacets, dans
un des plis de la rivière, sur un chemin de rive des plus tranquilles et des
plus doux. C'est le long de ce chemin, en face d'une route de Tulle à Mauriac
occupant l'autre bort, que se déroulent les bâtiments et les propriétés de
l'ancienne abbaye."
Lorsqu’Obazine entra dans
l’ordre cistercien (ordre de Cîteaux) en 1147, ce fut avec ses deux premières
abbayes-filles, Bonnaigue et Valette.
Parmi les principaux bienfaiteurs,
il faut compter les seigneurs de Scorailles qui se montrèrent généreux également
envers Obazine.
Les
sources manquent pour retracer l’histoire de l’abbaye dans les siècles suivants,
les archives ayant disparu. Mais les donateurs furent nombreux tant dans la
région proche que dans la lointaine Auvergne. Les grandes familles de la
noblesse firent des dons : Turenne, Ventadour, Scoraille, Apchon …. Begon
d’Escorailles dota richement l’abbaye de Valette ainsi que les seigneurs de
Miremont. En 1156, un Etienne de Tourniac fit don de diverses propriétés.
En
1223 le Pape Honorius III plaça Valette sous la protection du Saint Siège ce
qui ne la préserva point des convoitises puisqu’au XIVème siècle le Pape
Innocent IV dut excommunier les « persécuteurs de Valette ».
En 1304 le roi dut protéger l'abbaye contre les attaques
diverses en lui donnant des lettres de privilège et de sauvegarde.
En 1500 l’Abbé Pignot se heurta à Charles de Levis (frère de
François, évêque de Tulle) qui prétendait diriger Valette.
En 1569 les Huguenots (protestants français), conduits par
le fameux Vivans, pillèrent et
incendièrent Valette.
En 1601, la reconstruction du monastère était entreprise et
fut édifié le vaste bâtiment que l’on pouvait voir encore il y a un demi-siècle.
En 1775 le Parlement de Paris partagea en trois lots les biens et revenus de
l'abbaye qui s'éteignait faute de réforme. Cela lui procura assez de rentes
pour relever la maison.
La chapelle conservait son architecture romane
avec son clocher carré et communiquait avec le cloitre. Les lieux "réguliers"
ou habitations des religieux étaient à refaire. Les travaux furent entrepris et
on pouvait y admirer le rez-de-chaussée, vouté tout de son long et ouvrant à
l'est sur une belle terrasse qui longe la Dordogne. Deux cadrans solaires en
ornaient la façade.
Un
escalier monumental en basalte noir montait à l'étage des cellules. Quant aux
chambres, elles devaient être semblables à celles que l’on peut voir à l’abbaye
de Noirlac, dans le Cher, et dont l’aménagement date de la même époque.
Aux alentours, les moines
avaient défriché et mis les terres en culture. Le climat doux de la vallée
permit de bonnes récoltes.
Un petit paradis avait été crée loin de
l'agitation du monde.
L’abbaye connut le système commendataire (4),
et elle disposa en Auvergne d’un domaine particulièrement important, à Brocq
(commune de Menet, Cantal).
L’abbaye
comptait trois religieux en 1790.
(4) commendataire : dans le régime
de la commende, un abbé commendataire est un ecclésiastique qui tient une
abbaye « in commendam », c'est-à-dire qui en perçoit les revenus et
qui peut exercer une certaine juridiction sans toutefois exercer la moindre
autorité sur la discipline intérieure des moines.
L'abbaye de Brocq semble avoir été
particulièrement prospère grâce à un élevage bovin laitier de montagne, à tel
point que les abbés commendataires en auraient fait un temps un lieu de séjour
privilégié.
Les
grands domaines agricoles où travaillaient les moines cisterciens, les
« convers » (1) sont appelés « les granges ». C’est en
1150 que le réseau des granges prend sa forme définitive avec 25 granges
appartenant aux moines cisterciens, dans les diocèses de Limoges, Cahors,
Clermont, Angoulême et de Saintes. Trois d’entre-elles sont fortement
spécialisées : une grange vignoble, une grange à sel et une grange fromagère.
Les granges tiennent un rôle important dans la diversification des revenus des
abbayes.
Grace
aux dons des grandes familles Limousines et Auvergnates l'abbaye de Valette
devint un grand propriétaire et grand censier, en Xaintrie et en Haute Auvergne.
La grange de Broc possédait une chapelle
et son importance était telle que l'abbé de Valette fût dit aussi
parfois abbé de Broc et que le prieur dût y résider plusieurs mois par an pour
la perception des revenus ou la protection des intérêts.
Broc
étendait sa seigneurie sur 18 villages, embrassait une montagne de 400 têtes
d'herbages, la Montagne de Marlhoux ,rendant
500 chars de foin plus 120 chars de blé.
(1)
Convers : frères laïques, religieux de plein
droit sans être des moines, principalement destinés dans les ordres monastiques
Bénédictins et Cisterciens , à l’exploitation des domaines ruraux : les
« granges », domaines agricoles, et les « celliers »,
domaines viticoles. Ils assurent la subsistance des moines qui mènent une vie
mystique et pauvre.
Les frères convers étaient
majoritairement d’origine plus modeste et avaient un rang inférieur à celui des
moines. Illettrés, ils ne pouvaient entrer dans la cléricature. Les convers
pouvaient habiter en dehors de l’abbaye et y revenir le dimanche et aux principales
fêtes pour participer à la messe.
L’abbaye
fut vendue à la Révolution à Jean-Auguste Pénières, conventionnel (membre de
l’Assemblée de la Convention pendant la Révolution) et régicide (conventionnel
ayant voté la mort de Louis XVI et ayant fait l’objet d’une loi d’indignité et
de bannissement) qui dut la quitter pour
l’exil en 1816. Il y avait établi une verrerie, sans succès. Il dut se contenter d’exploiter les noyers que les
moines avaient plantés.
Le
marchand de bois Gabriel Chamfeuil, à qui l’exploitation des forêts et le
flottage des arbres sur la Dordogne valurent sa fortune, s’établit à Valette. Ce nouveau propriétaire était une figure
bien sympathique : ingénieux, plein d’initiatives, c’est lui qui imagina
et entreprit les grands transports de bois sur la Dordogne. Par cette activité
il assurait le travail et la vie à de nombreux ouvriers.
Spontour
Devenu vieux et sans enfants, il résolut de
« restituer à Dieu ce qui avait appartenu à Dieu ». Il offrit sa
maison et tous ses domaines au Bon Père Serres, en 1898, qui y fonda « un
petit noviciat qui recevait les jeunes filles pauvres, mais offrant des garanties
de vocation religieuse. »
Il
fit réparer les toits et aménager les locaux. Dès le mois de mars 1899 on put
recevoir des petites filles. Elles suivaient la classe, gardaient les
troupeaux, apprenaient les travaux de ménage, et surtout se formaient à la
piété.
L’isolement de Valette nuisait au recrutement
de l’école qui ferma en 1928.
Aucun
ordre religieux ne voulant s’établir à Valette, les petites sœurs vendirent.
Au début du XXe siècle, une ferme s’y installa
jusqu’à la construction du barrage du Chastang en 1951-1952.
En
1940 on défonça les champs pour en extraire le gravier et les galets nécessaires
à la construction du barrage de l'Aigle. Le bâtiment principal fut transformé
en dortoir pour les ouvriers.
Dès 1941 le site fut abandonné lorsque l'on su
que l'abbaye serait submergée par la retenue du barrage du Chastang. L'abbaye
fut livrée au vandalisme, le cadran solaire détérioré. Les maçons du pays
reçurent l'autorisation de démonter la porte en arc roman et quelques balustres
de l'escalier. Un monument vénérable venait d'être sacrifié sur l'autel du
progrès.
A cette époque l’église avait
disparu. Son porche roman avait été démonté puis remonté à Auriac en Corrèze
dont dépend le site de l’abbaye, où l’on peut toujours le voir.
Le
grand bâtiment, avec sa vaste salle voutée au rez-de-chaussée a été dynamité au
moment de la mise en eau du barrage et noyé. Selon le dernier occupant il
fallut s’y prendre à deux reprises lors du dynamitage pour qu’elle cède enfin.
On peut en voir les ruines lorsque le niveau du barrage est très bas.
Le
« grand degré » (escalier) fut réutilisé au château de Val (propriété
à l’époque d’EDF sur le barrage de Bort-les-Orgues).
Lors de la mise hors d’eau en 1994, un certain
nombre de repérages et de mesures ont été réalisés et reportés sur le plan
cadastral, mais on n’a pas eu alors la possibilité d’effectuer le relevé
topographique précis qui eut constitué la meilleure des archives
archéologiques.
A coté
une petite maison reste debout, elle fait partie d’une exploitation, dont le
propriétaire a refusé pendant des décennies de modifier son accès par la
vallée : il prenait un bateau pour traverser le lac à l’aval de Spontour.
Il a fini par faire ouvrir un accès routier par le coteau, en haut de son
exploitation. Le responsable du barrage du Chastang, auparavant directeur de
l’Aigle, s’inquiétait de ces allées et venues en barque considérés dangereux
lors des lâchers d’éclusées.
Archives départementales du Cantal,
expertise des lieux et bâtiments commandée en 1711 par François Delort, nouvel
abbé commendataire de Valette et docteur en théologie, à François Lespinatz
expert, habitant de la ville d’Aurillac :
« en premier j’ai vérifié l’église de ladite
abbaye de Valette être de la longueur de douze toises (23.38 m) sur trois
toises et demi (6.82m) de large, le tout dans œuvre, desquelles douze toises il
y en a six (11.69m) au chœur où est le maître-autel, ledit chœur séparé de la
nef par une muraille de la hauteur de sept pieds(2.31m) avec une grande porte
en grille au milieu. A chaque coté de ladite porte au-dessous de ladite
muraille il y a deux petits autels avec un crucifix et un tableau. Ladite
église voutée d’aix bien enduite et blanchie. Au fond est la porte d’entrée du
clocher, élevé en pavillon carré, le tout couvert en tuile blanche en bon état.
Ladite église et le clocher, rétablis depuis environ trente ans et faisant
la fermeture du coté du couchant de ladite abbaye et cloitre des religieux.
En second lieu ai vérifié que au derrière le chœur de
ladite église, du coté de la rivière de la Dourdounie, il a été bâti à neuf, à
chaux et sable, par les religieux de ladite abbaye, un grand corps de logis de
la longueur de vingt-huit toises sur trois toises et demi de large, le tout
dans œuvre composé de deux petites cours qu'on veut faire servir de prison. Au
derrière du maître autel il y a un salon qui n'est point pavé où l'on prétend
faire la sacristie avec une porte de communication pour entrer dans le chœur de
l'église, à la suite duquel salon est un grand degré avec un grand balustre ….barreaux de
bois pour monter au dortoir et chambres. A la suite dudit degré il y a un autre
salon avec une petite cheminée, pavé de petites pierres de gravier. (A Obazine
et à Brocq, dans la maison de l’abbé, on peut voir ces sols faits de galets de
rivière, formant des dessins et quelquefois bicolores).
A la suite il y a une autre grande salle servant de
réfectoire avec sa cheminée, pavée de grands carreaux de pierre de taille …..
A la suite est la cuisine pavée de petites pierres de
gravier.
Au second étage est le dortoir de la susdite longueur
de vingt-huit toises (54,57m) sur sept pieds et demi (2.48m) de large avec dix
croisées de pierre de taille, pavé dans la plus grande partie de pierres de
gravier.
A coté du dortoir, le long de la salle, il y a six
chambres pour les religieux séparées par des pans de bois avec une petite
cheminée et un cabinet à chacun, planchéiées au-dessous et au-dessus avec leurs
croisées regardant du côté de la rivière.
Au dessus des dites chambres et dortoir sont les
greniers avec sept lucarnes de pierre de taille qui prennent le jour du côté de
la rivière.
En troisième lieu , ai vu et vérifié un autre entier
bâtiment que les religieux m'ont dit être le bâtiment du seigneur abbé et que
j'ai trouvé en ruine, sans aucune solive, poutre, plancher ni couvert, la plus
grande partie des murailles du côté de la cour démolies jusqu'au
rez-de-chaussée… Il paraît qu'il y avait autrefois une salle basse ou cuisine.
…sil m’a paru que le bâtiment était bien bâti, crépi
en dehors, enduit et blanchi en dedans, être entier bon état…. Il me semble qu’il y a beaucoup plus de logement
qu’il ne faut pour trois religieux qui
sont actuellement dans ledit cloitre.»
Archives
départementales de la Corrèze, Tulle, inventaire de l’abbaye de Valette, 11 mai 1790 : «
il n’y a pas de bibliothèque dans ladite maison, ou du moins, d’endroit pour
recevoir des livres, et ledit prieur nous a déclaré avoir d’autres livres que
ceux qu’il a numérotés en la déclaration
du 10 février dernier et placé a coté des archives de la maison.
22 décembre 1790 : de suite nous
sommes transportés à la porte des archives dudit monastère que nous avons trouvée
scellée avec une double bande de papier au sceau du district de Tulle , à
chaque bout, lesquels nous avons trouvé seins intacts et sans altération, avons
levé lesdits scellés, sommes rentrés dedans lesdites archives assistés du sieur
prieur et des Mrs les officiers municipaux, où nous avons trouvé les livres
ci-après : …. Soit 99 titres dont : Théologie morale, manuscrit,
Commentaire sur la logique d’Aristote, 3 volumes manuscrits …. »
Archives départementales de la
Corrèze : Inventaire des biens de l’abbaye de Valette dréssé le 11 ami
1790 par les officiers municipaux de la paroisse d’Auric, en présence de dom
Xavier Mayrot, prieur de l’abbaye. Les religieux présents font observer
que l’argenterie inventoriée est de peu de valeur.
Inventaire des objets de l’église : ….et à
l’instant nous nous sommes transportés,
assistés des sieurs religieux dans la sacristie et l’église du monastère et
nous nous sommes aperçus qu’il y avait au maître autel que six chandeliers et
un christ de bois et argenté, et aux deux chapelles avoir six petits chandeliers
en cuivre jaune et quatre autres en bois doré. Dans la sacristie, il y a deux
calices, un ostensoir, un petit ciboire, un reliquaire et une petite boite aux saintes
huiles en argent. Plus les sieurs religieux nous ont dit qu’il y avait dans le
tabernacle un ciboire pour la réserve des saintes espèces en vermeil, une
petite croix de cuivre, le tout en cuivre, cinq chasubles presque neuves, l’une
en galon en argent fin et l’autre en galon argent ou or ciselé, plus deux
chasubles de trois couleurs dont une avec ses deux dalmatiques, le tout ancien,,
plus autre deux chasubles rouges dont l’une en camelot gaufré, trois autres
noires et communes avec deux dalmatiques, autres deux chasubles violettes en
camelot gauffré, avec une chasuble à fleurs en laine verte, toutes les chasubles avec leurs
étoles et manipule et voile, plus un voile pour le Saint Sacrement, argent et
or, une chape en damas blanc avec sa frange en or, trois chapes de trois couleurs
communes plus un petit dais de trois couleurs pour le Saint Sacrement, douze
aubes, dont une à grande dentelle et une à petite, douze corporaux, vingt amis,
huit cordons, huit nappes, non compris les trois qui sont sur les autels ;
quarante-huit purificatoires, dix-sept lavabo, le tout demi usé, trois missels
et les livres nécessaires pour les offices divins …..
Ostensoir : objet liturgique de la
religion catholique, pièce d’orfèvrerie destinée à contenir l’Hostie consacrée
et à l’exposer à l’adoration des fidèles
Ciboire : vase sacré contenant les
hosties, généralement fermé par un couvercle. Ne pas confondre avec calice.
Calice : coupe évasée sur pied
employé dans la célébration eucharistique pour la consécration du vin.
Reliquaire : coffret destiné à abriter
une relique, reste matériel d’un saint.
Saintes
Espèces :
pain et vin changés en corps et sang du Christ.
Chasuble : vêtement sacerdotal à 2
pans et sans manche avec une ouverture pour la tête que le prêtre revêt
par-dessus l’aube et l’étole pour célébrer la messe.
Dalmatique : vêtement en forme de croix avec des manches courtes portée
par le diacre lors de la messe elle se décline selon les couleurs du temps
liturgique.
Etole : bande de tissu que le
prêtre laisse pendre de chaque coté de son cou par-dessus l’aube avec une croix
placée au milieu.
Manipule : bande d’étoffe de la même matière et couleur que la chasuble, que le
prêtre porte au bras gauche. Son décor est le même que l’étole.
Chape : cape de cérémonie
Camelot : tissu fait en poils de chèvre
Damas : tissu de couleur uni représentant des dessins géométriques, souvent
des losanges.
Dais : ouvrage à 4 pieds recouvert de tentures, utilisé pour les
processions. Il est porté par 4 hommes tandis que le célébrant se tient
dessous.
Purificatoire : linge liturgique servant à recueillir le sang du Christ qui
pourrait couler du calice lors de la communion du prêtre, et à purifier les
vases sacrés après la communion.
Corporal : linge sacré étendu sous le calice pour recevoir l’hostie et
les miettes qui pourraient en tomber lors de l’offertoire.
Lavabo : vasque réservée aux ablutions du prêtre
Annexe 1
Etienne d’Obazine
C’est vers 1130 que s’implantèrent en forêt d’Obazine,
Etienne et Pierre, deux jeunes prêtres ayant fait le choix de la vie érémitique
(propre à un ermite, solitaire) et arrivant de Xaintrie. Leur ermitage ne
demeura que peu de temps préservé du monde : la parole et le rayonnement
d’Etienne étaient tels, en effet, que beaucoup de femmes et d’hommes, simples
visiteurs, se firent ses disciples.
Dès 1135, il
fallut envisager une organisation cénobitique (vie monastique en communauté
sous l’autorité d’un supérieur, abbé ou Prieur) et de s’y préparer. Tout était
prêt en 1142, date à laquelle l’évêque de Limoges, Eustorge, vint procéder à
l’installation officielle et canonique de chacune des deux communautés de ce
monastère double : les moniales à Coyroux, les moines à Obazine.
Cinq ans plus tard, en 1147, Etienne parti tout exprès
à Cîteaux, obtint du chapitre général que ses fondations fissent désormais
partie intégrante de l’Ordre cistercien.
Lorsqu’Etienne meurt le 8 mars 1159, il
laisse derrière lui et en plein essor, non seulement le monastère double
d’Obazine-Coyroux, dont il était l’abbé, mais également cinq autres abbaye
masculines qui lui devaient leur fondation et qui, toutes, Bonnaigue et Valette en Bas-Limousin, La Frénande en
Saintonge, Grosbost-Fontrive en Angoumois et la Garde-Dieu en Quercy
méridional, étaient liées à Obazine, leur abbaye-mère, par les liens
cisterciens de la filiation.
[2] ordre cistercien : ordre monastique chrétien dont
l’origine remonte a la fondation de l’abbaye de Cîteaux (Bourgogne) en 1098 par
Robert de Molesme. L’ordre de Cîteaux fut développé par St Bernard qui en fut
le maitre spirituel.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire