Le Prieuré d'Espont

Espont en 1972
ESPONT

  Le village d'Espont, village de la paroisse de Saint Martin Cantalès  se trouvait à la jonction du ruisseau de Chantal avec la Maronne. On retrouve la trace de ce prieuré dans un pouillé[1] en 1535 où il serait indiqué qu'il existait déjà en 1381.
Les armes du prieuré de Saint Julien d'Espont sont " D'or, à deux croix de gueules, l'une en chef et l'autre en pointe". Il y eut des prieurs à St Julien d'Espont jusqu'n 1792.
D'après les Archives Départementales du Cantal le prieuré d'Espont  dépendait de la Chaise-Dieu et les églises de Saint Martin Cantalès et de Jou-sous-Monjou y étaient annexées. Le curé de la paroisse de Saint Martin Cantalès était nommé  par le prieur d'Espont. Cala pouvait bien la présence d'un établissement religieux important  dans le village.

Les indications portées dans le pouillé permettent de situer à Espont le siège primitif du prieuré de st julien d'Espont qui aurait été transféré plus tard au bourg même  de Saint Martin Cantalès. Le prieuré alors situé au somment du pic st julien accueillait une communauté de 14 prêtres en 1470.

L'abbé Burin a raconté et publié un récit dans un journal local[2] où il relatait une visite aux ruines de ce prieuré, le logis  alors  n'existait plus étant réduit à un simple amas de pierres

L'Abbé Burin entreprit donc, vers 1912, une visite des lieux.  Il décrivit Espont comme un tout petit village de deux maisons entouré d'arbres fruitiers, situé au confluent de la Maronne et de l'Etze. Ce village avait été autrefois plus important puisqu'en 1804 il comportait 41 habitants. Il fut étonné de ne pas trouver de traces d'un quelconque édifice religieux, église ou monastère, au sein du village. Il apprit alors que le prieuré d'Espont se situait en fait au somment d'un pic voisin mais qu'il n'en restait que des ruines.
Au cours de son ascension il put apercevoir  sur le coteau d'en face, les ruines de deux vieux castels, restes visibles des manoirs de Pouls, propriété en 1367 de Géraud du Bec, incendiés par Guillaume et Jean D'Alban, baron de Clavières, fils d'un coseigneur de Saint Christophe pour de sombres raisons de querelle familiale. Les deux hommes furent condamnés à reconstruire les  deux châteaux.
L'escalade de l'abbé Burin vers les ruines du prieuré fut difficile. Parvenu au sommet il découvrit que les arbres avaient poussé au travers des restes des constructions. On devinait des emplacements d'au-moins deux maisons, quelques restes de murs et d'un vieux four. Sur la pente en face de Savalaure il y avait aussi les ruines d'une maison démolie. Déjà en 1706, lors de l'intronisation du nouveau prieur d'Espont et de Saint martin, le curé avait trouvé la chapelle et les masures en ruines et désertes.
Ainsi les bâtiments qui couronnaient le pic Saint-Julien seraient tombés en ruine à la fin du XVI ème ou au début du XVII ème siècle.
 D'après les récits populaires la statue de Saint Julien se trouvant dans l'église de Saint martin Cantalès  proviendrait de la chapelle de Saint Julien  d'Espont. Elle fut certainement apportée là lors du transfert du siège du prieuré dans le bourg de St martin Cantalès. Cette statue, fort ancienne, en bois peint, représente saint Julien vêtu et équipé en soldat romain, justaucorps, jambières, caque en tête et lance à la main gauche.
L'abbé Burin signale aussi dans ses écrits  la présence d'une fontaine sur les flancs du pic Saint Julien ainsi d'un large bassin en pierre. Cette fontaine aurait peut-être été le lieu primitif d'un pèlerinage, la fontaine de saint martin étant reconnue comme miraculeuse.



Espont aujourd'hui :

Espont est un des deux villages engloutis par les eaux de la retenue du barrage d'Enchanet. Depuis 1951 les ruines des maisons dorment sous quelques mètres d'eau. Lorsque les sècheresses de l'été font baisser le niveau du barrage, apparaissent alors  quelques ruines au pied du Pic Saint Julien. L'endroit est désert et inaccessible. Il ne reste rien du prieuré, les maisons ont été rasées, et il y a bien longtemps que les arbres fruitiers ne fleurissent plus au bord de la Maronne.


[1] Pouillé : registre ecclésiastique où sont transcrits  les actes concernant une église ou une abbaye ainsi que la description des ses biens.
[2] Livre de la paroisse de Saint Martin Cantalès



Au bord d'un barrage, Raymond Mil, Brande et Serpolet, Poèmes, 1965.

Lorsque fut immergé l'amas des éboulis,
Murs, toits, fournils, moulins, granges et passerelles,
Quand les maisons des deux hameaux eurent sur elles
Le poids du lac, suaire vaste aux menus plis,

Ce fut le tour des derniers arbres du taillis,
Hêtres abandonnés dont les branches appellent
Au secours, flottement de lianes rebelles,
Cris d'oiseaux survolant des nids ensevelis…

Un cerisier fleuri délaissé des abeilles,
Paon blanc faisant la roue, aux clartés non pareilles,
Devint alors captif de l'eau qu'il éclairait.

En lui je vis, rêveur incliné sur la pente,

Dans les abîmes de science et d'intérêt
La poésie en fleurs sombrer, splendide et lente.

Les randonnées du coté d'Espont et du Pont du Rouffet :

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